Le STAMPE-SV 4C
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Stampe sur le terrain de Mitry-Mory. 1952
Ah! que voila l'avion qui m'a le plus enthousiasmé dans ma courte carrière
de pilote bien que ne l' ayant piloté que quelques heures !
Pour moi, comme pratiquement tous les pilotes militaires de ma génération, il a été
le premier appareil dont j'ai tâté le manche! C'était le lâcher en solo sur ce premier
zinc qui conditionnait l'adoubement dans le Cénacle de la Chevalerie du Ciel, suivi de la remise officielle
de l'insigne d'élève-pilote, identique à celui de pilote, mais avec une seule aile.....Autre
formalité, un engagement de 5 ans dans l'Armée de l'Air!!!
1952...l'Armée de l'Air recrute intensément des élèves pilotes! Il fallait bien ça
pour que j'y fusse admis, avec mon CEP en poche pour tout diplôme! D'ailleurs, on recrutait tellement qu'on
devait par la suite poireauter des mois, en attente d'incorporation dans les promotions à Marrakech ou ailleurs!
Bref, des stages d' "initiation-sélection" se déroulaient dans les aéroclubs de
France. De mémoire, Saint-Yan, Le Bourget du Lac, Challes les Eaux; pour ma part, ce fut à Mitry-Mory,
près de Paris. Là, se côtoyaient de petits éléments d'encadrement de l'Armée
de l'Air, et surtout du personnel civil: un chef pilote, des moniteurs civils (pour la plupart anciens pilotes
militaires de la 2° G.M.)et des mécaniciens. Nous étions une trentaine de candidats, dont j'étais
le doyen, avec mes 25 ans et le galon de sergent-chef !!
Nous devions suivre, en même temps que les vols une partie théorique ( élémentaire)
concernant le pilotage, la mécanique et l' aérodynamique, la navigation, la météorologie
et la réglementation aérienne. Je suppose que les candidats au brevet de tourisme devaient acquérir
les mêmes connaissances. Pour la plupart, c'était un pensum rébarbatif, mais pour moi, n'ayant
vraiment aucune connaissance technique, j'assimilais scrupuleusement ces cours. J'ai retrouvé le relevé
manuscrit de ces cours, tenu avec grand soin! Plus tard, à Marrakech et Avord, j'ai toujours continué
à potasser ces cours au sol, cela m'a certainement aidé à parvenir au but final du brevet,
les résultats des tests au sol s'avérant aussi indispensables que la progression pilotage en vol.
Le Monit, Mr.Corbin et ses 4 élèves |
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Voila donc l'ambiance de cette première phase d' apprentissage en pilotage
effectuée sur ce bel avion qu'est toujours le Stampe SV-4C. Mon expérience aéronautique, malgré
mes 7 ans de service, ne se limitait qu'à des vols en tant que passager. C'était donc pour moi la
vraie initiation après une bien longue attente.
Du 9:9:52, premier vol, jusqu'au 11/10/52: 15 heures de vol au total, avec lâcher vers les 10 heures, et
une heure de vol solo. Les atterrissages étaient très nombreux (103), constituant la principale difficulté
de l'apprentissage. Comme tous les avions à train classique (à roulette de queue), il faut les présenter
en finale pour toucher "trois points" et éviter les rebonds à répétition.
De même le décollage est à peaufiner lors de la mise en ligne de vol, évitant les coups
de palonnier et de manche brusques et intempestifs.
Je garde un excellent souvenir de ce premier avion. Une très grande finesse de vol nécessitant un
doigté au manche qui, une fois acquis restera valable sur la plupart des avions.
Quant aux impressions ressenties lors du premier lâcher, je dois dire que c'est extra, comme chantait Léo
Ferré! Il faut dire d'abord que le Stampe se pilote de la place arrière. Le moniteur est en place
avant, comme le passager, s'il y en a un, question de centrage. Quand on a fait une dizaine d'heures de vol avec
la tête du moniteur devant soi, et qu'après un contrôle par le chef pilote on vous dit "allez-y!",
le fait de voir le poste avant vide, cela vous noue les tripes et les guibolles flageolent... mais aussitôt
les roues quittant le sol, l'euphorie vous gagne, c'est le paradis....jusqu'à l'approche finale de ce premier
tour de piste. Là, vous reprend la pétoche, mais il faut bien aller jusqu'au bout, et ça ne
se passe pas trop mal, en général, même s'il y a quelques petits sauts de cabri.
Après ce premier tour de piste en solo, il nous restait un petit potentiel
de quelques heures pour se " perfectionner "…c'est à dire quelques vols pour confirmer la confiance
en soi, mais bien trop peu, à vrai dire. En fait, nous étions jugés aptes à affronter
la suite de l'apprentissage sur le T6. Ceci n'excluait pas la remise en question permanente tout au long du cycle
T6 puis le bi-moteur ou la chasse, jusqu'au jour du brevet avec la remise du macaron de pilote (avec ses deux ailes).
Je n'ai hélas pas eu l'opportunité de piloter cet avion plus tard, et je le regrette bien. Il aurait
certainement été bien plus agréable de s'entraîner à la voltige sur un Stampe
que sur un T6!!
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Promotion d'élèves pilotes à Mitry, Octobre 1952
(Je suis là, 2° à dr., debout; mon moniteur 2° à gauche, blouson bombing)
A l'aéroclub voisin de ma résidence, on peut toujours admirer la silhouette élégante du Stampe (comme celle du T6 , du Flamant et du Broussard que j'ai aussi pilotés). C'est toujours avec émotion que je revois ces amis, plus de 40 ans après . Hélas, je n'ai pas l'opportunité de monter à bord, encore moins de les piloter .
Un brin de technique: Avion biplan d'origine
Belge, le biplan Stampe et Vertongen (SV-4) fait sa première apparition en Belgique en 1933, comme avion
monomoteur école. Après guerre, sa fabrication est reprise en France par la SNCAN sous la désignation
SV.4C. Cette version est équipée du moteur Renault 4 Pei de 140 CV. Envergure 9,70m. Longueur 7,10m.
Hauteur 2,70m. Poids à vide 470 Kgs, total 760 Kgs. Vitesse max. 180 KmH, d'atterrissage 70 KmH. Plafond
6 000 m.. Il sera fabriqué en 700 exemplaires, adopté comme avion école par les aéroclubs de France et la Patrouille d'Etampes. C'est l'un des rares avions à n'avoir pas été "ferraillé", mais presque toujours racheté par des collectionneurs ou des clubs, nous donnant, à nous ses fans, le grand plaisir de les voir encore sur les tarmacs des aéroclubs. |