Les années dans le Personnel Navigant.
2. Indochine,
2ème épisode. Le Vietnam à Nha-Trang.
Nous ne séjournons que quelques jours à Saïgon pour les formalités
de prise en charge et nous apprenons que c'est à Nha-Trang qu'on a besoin de nous. Alors embarquement sur
cette destination nouvelle, par voie aérienne. Cette ville est en bordure de la mer de Chine à quelques
300 kms au nord de Saigon. Le pays semble très accueillant et plaisant au premier abord, et cette impression
ne se démentira pas par la suite.
La base aérienne se trouve en bordure de mer , avec une superbe plage de plus de 6 kms.
Déception par contre par le genre de travail qui nous attend. Nous faisons partie de l'école Vietnamienne
de pilotage , le CIAVN (Centre d'Instruction Air Vietnamien) Jusqu'à maintenant, cette école est
sous le commandement d'un officier français, mais doit être transférée aux cadres Vietnamiens.
Les avions " école " sont les anciens Morane-500 des groupes aériens d'observation et les
élèves sont des jeunes Vietnamiens peu ouverts sur les questions techniques. Ces jeunes doivent effectuer
un petit nombre d'heures de vol avec le lâcher en solo. Par la suite ils sont destinés à poursuivre
la formation de pilote aux USA.
Pour mon ami Xavier et moi, se retrouver au manche de ce Morane alors que nous avions connu la fierté de
piloter le quadrimoteur Languedoc, il y avait de quoi être déçus ! Malgré cela, nous
avions quand même la compensation d'un cadre de vie presque idyllique. La guérilla commençait
déjà malgré les accords de Genève entre le Nord et le Sud (en réalité,
ça n'avait jamais cessé). Mais à Nha-Trang nous étions bien à l'écart
de la bagarre, à l'écart également des intrigues politiques qui se déroulaient dans
la capitale Saigon.
Prenant finalement les aléas de notre job avec détachement, il y avait tout lieu de passer un agréable
séjour là-bas. La plage était le passe-temps favori et nous vivions nos loisirs plutôt
entre Français. Nous étions environ une quarantaine de " coopérants ", ce nombre
allant en diminuant au fur et à mesure que le Gouvernement V.N. se détournait de la France (vaincue
à Dien-Bien-Phu) pour se tourner vers une Amérique puissante et bienveillante .
C'est au cours de ce séjour alors que je subissais une visite médicale de routine qu'un toubib me
trouvait un " voile " à un poumon ( symptôme fréquent de la tuberculose). Je fus
évidemment catastrophé, à cent lieues de m'imaginer telle maladie. Je fus envoyé immédiatement
à l'Hôpital Militaire Grall de Saigon pour y subir des examens plus approfondis. J'expérimentais
donc tubages et autres examens peu réjouissants, attendant le verdict pendant une semaine. Finalement ,
on ne trouva absolument rien, même pas de trace de ce voile observé à Nha-Trang ! Soulagé
quoique vexé, je rejoignais donc ma villégiature en bord de mer. Je fus même gratifié
d'un séjour de repos à Dalat (100 kms de Nha-Trang), station de montagne au climat proche de notre
France pour me faire oublier l'aventure ! Ce repos était organisé dans un établissement militaire
(interarmes) . Nous y étions soignés comme coqs en pâte, avec régime alimentaire très
soigné et excursions touristiques .
Après cet intermède , retour à Nha-Trang et reprise du boulot. Nous avons la joie de voir
arriver de nouveaux pilotes remplaçants les anciens, tels Pieroni et Ginet (on se retrouvera d'ailleurs
plus tard à Avord) . Plaisir aussi de percevoir de nouveaux avions, plus agréables : les Cessna L.19
américains.
Les plaisirs de la baignade se voient momentanément déconseillés en Novembre/Décembre,
période de mer très agitée avec aussi la présence de requins près de la côte.
C'est ainsi chaque année ; après, nous reprenions nos loisirs dont le plus prisé était
la plongée sous marine à la baie de Cau-Da tout proche. Plongée avec seulement masque et tuba
sur des fonds de coraux superbes. C'est à Cau-Da qu'était la Villa Bao-Dai, l'une des résidences
de l'ex-Empereur du Viet-Nam Bao-Daï (il était d'ailleurs plus souvent en résidence sur la Côte
d'Azur qu'à Cau-Da qui n'avait pas de Casinos…) .
A peine un an après notre arrivée, nous apprenions que la mission d'assistance militaire française
au Vietnam allait cesser et donc que nous allions rentrer en Métropole. Cette nouvelle réjouissait
ceux qui étant mariés se languissaient de revoir leur famille. Pour ma part, cela m'était
plutôt indifférent, je m'habituais sans peine à cette " villégiature " sur
les bords de la Mer de Chine.
Février 1956 avait été un mois très rigoureux en France (aux environs de -20° pendant
tout le mois) , cela allait beaucoup changer avec notre climat de Nha-Trang avec ses 25° minimum presque toute
l'année. Nous rejoignions donc Saigon en bimoteur Dakota et de là, nous embarquions sur un DC.4 d'Air
France en direction de Paris Orly où nous arrivions le 23 mars 1956. Fort heureusement, les grands froids
étaient passés, on allait vers le printemps.
Heureux quand même de retrouver la France, je pouvais passer un congé d'un mois et demi, avant de
regagner une nouvelle affectation. La traction était remise en route avec grand plaisir. Par contre, la
moto avait été amputée de son carburateur par mon frère Pierre pour un dépannage
de motoculteur… !
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Vue aérienne de Nhatrang, plage et embouchure du fleuve
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