Les années dans le Personnel Navigant.
3.Base Ecole 702 AVORD, le retour.
Les affectations militaires sont souvent comme une loterie où l'on pioche
un bon ou mauvais numéro. En l'occurrence, pendant mon congé, j'apprends que c'est à Avord
que je devrai me présenter le 9 Mai 56. Etant pilote, ce ne peut-être que comme moniteur à
l'Ecole où j'ai obtenu mon brevet 18 mois plus tôt. En effet, je retrouve cette base pratiquement
inchangée et beaucoup des personnels que j'y ai connus. Il y a même des camarades de promotion qui
sont restés là comme moniteurs (dont mon grand copain Marcel Faubert).
Avant de voler comme moniteur , il y a un stage de perfectionnement (2 mois) à effectuer pour obtenir cette
qualification. A l'issue de ce stage, me voilà affecté à la 1ère Escadrille. La première
promotion que j'y trouve est une promotion mixte d'éléves-pilotes. La moitié sont des élèves
Français l'autre moitié des élèves Vietnamiens et Cambodgiens. Je ne suis donc pas
trop dépaysé de me retrouver avec des asiatiques !
Ces promotions se suivent sans arrêt dans les 5 escadrilles de l'Ecole. Ce sont soit des élèves
qui préparent le brevet de pilote de transport, auquel cas leur stage dure 6 mois, ou ce sont des brevetés
pilotes qui ont eu une interruption de pilotage ou une période de pilotage sur des monomoteurs et qui suivent
un stage de 2 mois pour remise à niveau. La routine se répétait : accueil de la promotion,
répartition des élèves entre les moniteurs et planning de l'entraiment suivant le type de
promotion.
Le matin, briefing météo pour tout le personnel navigant, puis désignation des équipages,
missions et avions. Certaines missions sont plutôt rébarbatives, tels les premiers vols constitués
de successions de tours de piste avec " touch and go ", ainsi que les vols locaux d'entraînement
au VSV (vol sans visibilité) . On apprécie davantage les vols de navigation surtout s'ils comportent
des atterrissages à l'extérieur. Les vols vers l'ouest (Dinard) sont l'occasion de rapporter des
coquillages… Les vols de groupe , malgré les sueurs froides parfois ressenties ne me déplaisent pas
non plus. J'aime aussi les vols de nuit .
En dehors du travail, la première année, je me trouve un peu seul ; la majorité de mes collègues
sont mariés et logent à l'extérieur de la base, jusqu'à Bourges à l'Ouest et
La Guerche à l'Est. Mais l'ami Faubert m'invite volontiers à Baugy ou sa femme est institutrice.
C'est dans ce contexte , au cours de l'été 56 que je vais rencontrer fortuitement celle qui va devenir
mon épouse l'année suivante, Annie. Cet épisode sera développé par ailleurs.
A noter simplement que nous nous sommes mariés le 2 Mars 1957 à Saint-Dié (Vosges). Auparavant,
j'avais pu obtenir un logement réservé aux militaires à La Guerche-s/ l'Aubois et l'aménager
sommairement avant de nous y établir. Nous y sommes restés jusqu'à ma prochaine mutation (en
R.C.A.). Notre premier enfant Jacques viendra au monde pour le premier anniversaire de notre mariage le 2 Mars
1958.
Dès cet aménagement à La Guerche, je faisais donc quotidiennement le trajet La Guerche/Avord
et retour. Lorsqu'il y avait vol de nuit, une navette me ramenait à l'issue des vols, et nous avions la
matinée du lendemain en récupération .Normalement, nous rentrions à la maison chaque
soir, les missions habituelles de l'école se faisant dans une seule journée. Une seule fois, j'eus
à faire un voyage de 12 jours, mission Avord/Alger/Dakar et retour (Octobre 58).
Etant passé au grade d'adjudant en 1957, je suis incité à passer les épreuves de "
Commandant d'avion ". En escadrille, ce diplôme permet de voler en équipage sans la présence
d'un officier pilote ou navigateur, surtout pour les vols vers les terrains extérieurs. Les épreuves
se déroulent à Toulouse-Francazal. Le diplôme me sera délivré à la date
du 21 janvier 1959 .
Nous étions également amenés à descendre dans le midi lorsque les temps de brouillard
empêchaient le déroulement de l'instruction en vol. C'était Istres qui servait alors de base
d'entraînement. Quand ce fut le cas en Novembre 58 , Annie fit le déplacement avec Jacques à
Cavaillon chez des parents. Je les y rejoignais les week-ends.
En Janvier 59, je descendais à Bordeaux pour passer les épreuves dites de " Franchissement de
grade " réservées aux adjudants et adjudants-chefs qui désirent passer officiers. Ce
sont des épreuves de connaissances générales et militaires complémentaires aux épreuves
pratiques subies à Toulouse. Suite à ma mutation à Bangui qui intervenait peu de temps après
cet examen, je ne devais jamais être avisé officiellement du résultat. J'en concluais que je
n'avais pas été reçu. Pourtant , plus tard j'apprenais par un copain qui m'avait accompagné
à cet examen que nous avions bien été tous deux admis. Les services administratifs d'Avord
avaient sans doute négligé de faire suivre la notification à Bangui. Sinon, j'aurais normalement
été proposé et nommé sous-lieutenant dans un avenir prochain.
Quand j'appris la chose, j'avais déjà envisagé de demander
ma mise à la retraite proportionnelle . Ce projet ne cadrait pas avec le passage au grade de S/Lieutenant
puisque les officiers devaient effectuer un minimum de 25 années de service. J'abandonnais donc l'idée
de faire des démarches concernant le résultat de mon examen. Rétrospectivement, je me rends
compte que ma carrière aurait été très différente, et que j'aurais sans doute
terminé (au mieux) en vieux lieutenant-colonel ou (au pire) peut-être en pilote disparu en service
aérien commandé… Donc pas trop de regrets pour cette négligence dont j'ai été
victime !
---o---
Un ami, Pierre MAYET, qui fut mon moniteur à Avord en début de
cette période m'a communiqué une page qu'il a écrite en mémoire d'un ami commun disparu
, François GUILLAMIN, lui aussi moniteur. Avec son autorisation, la voici:
|
2 ans après, retour sur le Flamant, mais comme moniteur.
|