Les années dans le Personnel Navigant.
4. Boufarik
1961/63 . La Guerre d'Algérie.
Le 20 Juillet 61, je rejoins le Centre de Transit Air de Paris, faisant partie
des services du Ministère de l'Air, Boulevard Victor. J'embarque au Bourget direction Alger par voie aérienne
militaire. D'Alger, d'un saut de puce me voilà à Boufarik que j'avais déjà connu en
1955., mais dans d'autres conditions (célibataire et situation calme en Algérie).
Le Groupe Aérien de Liaisons N° 45 où je suis affecté est équipé de plusieurs
sortes d'avions, bimoteurs et monomoteurs. J'y retrouve encore les Dassault-Flamant 311 et 312, NC.701-Siebel,
NC.702-Martinet, DC.3-Dakota, MH.1121- Broussard et N.1101-Ramier. Comme ma licence de commandant d'avion était
pour la catégorie " bimoteurs de liaison ", je ne volais sur Dakota que comme copilote, ce qui
me donnait quand même l'opportunité de faire quelques liaisons supplémentaires vers la métropole
et de revoir brièvement ma famille à cette occasion. Je volais donc sur tous les autres avions, dont
NC.701, 702 et N.1101 que je n'avais pas encore pilotés.
Les missions de ce Groupe de liaisons N°45 étaient très variées et fréquentes.
Il y avait des liaisons régulières " Postales " pour le courrier militaire vers tous les
terrains d'Algérie. Elles se faisaient généralement en bi-moteur Siebel ou Martinet. Beaucoup
de transports de personnalités militaires (ou civiles) au profit des états-majors d'Alger. Les destinations
de ces missions étaient vers la Métropole , à l'intérieur de l'Algérie et même
vers l'Afrique Noire. Je revois un grand périple Alger - Colomb-Béchar - Fort-Trinquet - Dakar et
retour, ce qui, aux commandes d'un Siebel n'était pas spécialement relaxe pour le pilote et le navigateur.
Nous assurions également de fréquents détachements vers
Reggan (Centre d'expérimentation atomique dans le Sahara) et vers Bône et Bizerte (Tunisie). J'eus
aussi l'occasion de connaître Tamanrasset, avec visite de l'ermitage du P. de Foucauld à l'Assekrem.
La motivation officielle de ce genre de mission nous était inconnue la plupart du temps, mais nous pouvions
imaginer qu'il y avait une bonne part de tourisme au profit des officiers passagers (nous en profitions aussi,
bien sûr).
Concernant les missions ayant rapport direct avec la Guerre d'Algérie, je n'ai eu à effectuer que
des vols a haute altitude pour le repérage goniométrique des stations radios des fellaghas, missions
au voisinage de la frontière Tunisienne. Le seul inconvénient de ces vols était leur altitude
nécessitant en principe l'utilisation du masque à oxygène… que nous négligions d'ailleurs
bien souvent, mésestimant le risque.
Pendant que je " guerroyais " en Algérie, je suivais quand même de près la vie de
ma famille. Nous avions en effet décidé de construire une maison sur un terrain de la ferme familiale
en Bresse dès mon affectation en Algérie. Les formalités d'acquisition de terrain, autorisation
de construire et obtention de prêt se faisaient au cours de brèves permissions que je réussissais
à avoir. Les travaux étaient réalisés par l'entreprise Gallet où mon frère
Paul travaillait et avec le concours de mes autres frères. La maison était achevée en Mai
1962 et nous pûmes y aménager aussitôt, au cours d'une permission fin Mai. C'était un
gros soulagement pour nous d'avoir enfin notre " chez nous " , surtout à proximité de la
ferme familiale. D'autre part, après la signature des accords d'Evian et la fin théorique des opérations,
je pouvais espérer un retour proche et définitif auprès des miens.
En réalité, la demande de mise à la retraite proportionnelle dût encore attendre plus
de 6 mois. Ce n'est qu'à la mi Décembre 1962 que j'eus notification de ma libération à
compter du 1er Février 1963. Compte tenu de mes droits en congés non pris, je pus cependant quitter
définitivement l'Algérie avant le jour de l'An et poser la casquette au vestiaire. A partir de ce
moment, je n'eus plus que quelques formalités à régler par courrier.
Je me mis bientôt à la recherche d'un travail dans la comptabilité que je trouvais sans difficultés
et le 1er Février même, je débutais dans la vie active civile à Louhans (S & L).
Non!
Rien de rien...
Non! Je ne regrette rien
Ni le bien qu'on m'a fait
Ni le mal, tout ça m'est bien égal!...
Il
me restera toujours mes souvenirs!
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L'insigne du G.L.A.45
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