La première année dans l'Armée
de l'Air 1945/46- En France.
Fin Novembre 1944 arrive et j'envoie ma candidature d'engagement aux services de recrutement de Macon. J'y suis
convoqué peu après, courant Décembre, pour subir une visite médicale . On me renvoie
dans mes foyers dans l'attente d'une convocation ultérieure pour signature de mon engagement à Dijon.
Je pensais que ce serait l'affaire d'une semaine ou deux, mais les mois passaient sans convocation. J'apprenais
que le fait n'était pas exceptionnel, et que je ne devais pas m'en inquiéter. J'ai dû attendre
jusqu'au début Avril 1945 pour recevoir enfin cette convocation et me rendre à Dijon Caserne Krien
, pour y signer un engagement de 3 ans le onze Avril. Cet engagement était au titre du personnel navigant,
mais résiliable, permettant donc de l'annuler à l'expiration du temps légal de service (2
ans) si l'on n'accédait pas à la spécialisation désirée.
Ce premier contact avec la vie militaire qui n'avait d'aviation que le nom, dans une caserne en pleine ville, m'a
un peu dérouté, je l'avoue. Nous recevions un équipement très hétéroclite
et succinct. Habillement de diverses provenances (même des treillis blancs de la KriegsMarine) dont le seul
élément " Aviation " était la casquette ! Mais quelle fierté quand même
de la coiffer ! La discipline qui y régnait ne me paraissait pas très stricte après les 5
années d'internat que j'avais passées à l'école pendant l'occupation. Dans l'attente
de suivre l'instruction militaire, nous nous acquittions de quelques corvées, principalement manutention
de marchandises réceptionnées en gare .
L'étape suivante fut donc " les classes " qui se déroulait au Centre d'Instruction Air
de Bletterans (Jura) curieusement installé dans un ancien couvent au centre de cette bourgade. Décidément,
j'étais encore ramené dans le cadre de la vie religieuse ! C'est là que nous apprîmes
la signature de l'Armistice le 8 mai 1945. Evidemment, il y eut défilé et prise d'armes à
Bletterans par une compagnie de vaillants aviateurs. Nous manions le petit fusil " Mousqueton,… modèle
oublié ! ". Notre instruction militaire dura environ deux mois, et je fis partie d'un détachement
affecté à la garde des dépôts d'essence installés sur l'aérodrome de Courlaoux,
à une douzaine de kilomètres de là. Nous étions installés très sommairement
dans une maison aux Chavannes, avec une roulante (cuisinière de campagne) . Des prisonniers de guerre Allemands
étaient préposés à la cuisine, et réussissaient à nous faire des repas
acceptables malgré le maigre ravitaillement qui nous était alloué. Il faut se remémorer
que les restrictions n'ont pas cessé avec la libération du territoire, mais qu'elles vont encore
subsister partiellement jusqu'en 1947.
Cette première période de ma vie militaire m'a laissé un bon souvenir par les premiers copains
que j'ai côtoyés, par la proximité relative de mon pays me permettant de revoir ma famille
de temps à autre . D'autre part, étant stationnés sur le terrain de Courlaoux, j'ai eu le
grand bonheur de voir enfin les premiers avions de près. Ce n'était que des avions de passage, car
il n'y en avait pas de résidents, mais le plaisir était bien réel. Je pouvais un peu m'imaginer
un jour aux commandes de ces appareils !
Question des contraintes de la vie militaire, elles n'étaient pas très dures. Seul point un peu stressant
pour moi, les factions de garde de nuit qu'il fallait assurer, principalement celle située au " Castel
", isolée et éloignée d'un kilomètre environ du poste de garde.
La présence de ce détachement d'aviateurs à Courlans-Courlaoux a provoqué une certaine
animation auprès de la jeunesse féminine. Il n'était pas rare de voir des petites amies venir
tenir compagnie à certaines sentinelles, sur rendez-vous au poste de police.
Le chef de ce détachement d'une trentaine de militaires était un sergent pilote de la guerre 1914/18,
un brave homme qui résidait à Courlaoux même, je crois. Il me paraissait très âgé,
bien sûr…bien qu'il ne devait pas avoir la cinquantaine !
A Courlaoux, il y avait une fromagerie " fruitière ", comme on les désigne en Franche-Comté.
Cette fromagerie était tenue par Mr Dayt, le frère de l'un de mes cousins (par alliance). Je lui
rendais donc visite, malgré que je ne le connaisse pas personnellement. Comme la maison fabriquait du Comté
(on disait plutôt Gruyère), je rapportais parfois un morceau très apprécié de
ce bon fromage. En outre, Mr Dayt avait aussi un vélo tout neuf qu'il voulut bien me prêter lorsque
j'obtenais une petite permission pour rentrer le dimanche à la maison , à 20 kms de là.
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Fier de porter l'uniforme avec la casquette!
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